Cheval à entrainer : Saýa

Ces derniers temps, Saýa a besoin de se défouler et je ne vais pas lui en vouloir ! Peut-être est-ce la fraîcheur des jours de pluie qui lui donne envie de bouger ? En plus, pour une fois, j'ai attendu le soir pour le sortir ; Saýa est donc encore plus impatient que la veille ! Le jeune cheval connaît déjà bien le Spring Garden, alors je commence à sauter dès la détente. J'enchaîne d'abord sur des petits troncs, puis des plus hauts. Ensuite, je varie les obstacles : contre-hauts, contre-bas, pianos, maisons, chapeaux de gendarme... Les obstacles de CROSS n'ont plus de secrets pour Saýa !

Il fait frais et Saýa profite de sa pause pour grignoter l'herbe juteuse du Spring Garden. J'inspire à plein poumons la douce odeur de terre mouillée.. Je n'ai pas envie de rentrer tout de suite ; tant mieux, parce que Saýa non plus ! Avant de partir, je vais tenter une nouvelle expérience, qui nous fera du bien à tous les deux. J'emmène Saýa sur une surface plane, détend mes rênes, me place en équilibre... et le laisse partir au galop, à fond. Crinière et cheveux au vent, nous traversons ensemble le terrain au triple galop. Les sabots de Saýa martèlent le sol, envoyant valser d'épaisse mottes de terre dans son sillage. Mon bel Akhal Téké s'éclate et ne cesse d’accélérer. Moi ? Je me laisse porter...

Arrivés au niveau d'un bosquet d'arbres, Saýa  ralentit brusquement l'allure. Le grand cheval s'arrête net, l'encolure très droite, les oreilles dressées. J'ai heureusement le réflexe de me redresser d'un coup sec, ce qui m'évite d'être éjectée vers l'avant... " Bien joué moi-même ! " me félicitai-je intérieurement ; j'en ai assez de tomber sans arrêt ! Je reprend mes esprits en me rétablissant en selle, puis je suis le regard de Saýa... Sauf qu'à travers l'épaisseur des branches, je ne vois rien. Au bout de quelques secondes, je m'impatiente : " Allez, on y v- " mais j'interromps ma phrase, en voyant sortir des branchages une chatte et ses trois chatons. La maman s'arrête devant nous, attend un moment, puis disparaît au pas de course, entraînant sa portée derrière elle. Je flatte l'encolure de Saýa qui se détend aussitôt, une fois le danger écarté. Sans son intuition, il aurait pu percuter de plein fouet l'un des chats... " Bien joué, Saýa ! "