Cheval à entraîner : Saýa

L'éducation éthologique de Saýa est loin d'être terminée. J'ai encore besoin de développer ma relation avec lui ; alors, quoi de mieux que des jeux dans le rond de longe ? Je lâche Saýa en liberté, qui s'en donne à cœur joie. Je crois qu'il apprécie ces moments d'autant plus qu'il n'a toujours pas de copains de pré, avec qui se défouler... Je le laisse donc galoper à sa guise, en attendant patiemment qu'il s'intéresse à moi. Parfois, les sabots du bel Akhal Téké frôlent à peine le sable, quand il galope avec légèreté, sa tête fièrement levée vers le ciel... À d'autres moments, Saýa accélère brusquement, ventre à terre, et alors le rond de long ressemble à un désert en pleine tempête !

Couverte de poussière de la tête au pied, je remets son licol à Saýa, qui m'attend sagement au centre du rond de longe. Le jeu d'aujourd'hui consiste à faire reculer et revenir Saýa vers moi ; d'où le " jeu du yo-yo ". Je tiens la longe de son licol fermement, puis je la secoue, d'abord avec la main, ensuite avec l'avant-bras, pour finir avec le bras entier. Le licol qui s'agite au bout de la longe dérange Saýa, qui doit reculer pour se débarrasser de cette sensation désagréable... Mais Saýa se borne à secouer la tête, un postérieur levé, sans oser reculer. Je comprend tout à coup que le jeune cheval fait simplement preuve de prudence ; il ne sait pas ce qu'il y a derrière lui, donc il ne bouge pas. J'arrête de secouer la longe pour lui permettre de jeter un œil en arrière. Rassuré, Saýa recule prudemment de quelques pas !

Je le félicite en le récompensant d'une friandise ; d'habitude, j'attends la fin de l'exercice, mais comme le jeu du yo-yo joue sur l'inconfort, je préfère ne pas braquer Saýa. Quand le grand cheval a suffisamment reculé pour se trouver au bout de la longe, je tire doucement dessus, en relâchant la pression chaque fois qu'il fait un pas vers moi. Mais arrivé à un mètre environ de ma position, Saýa refuse de faire un pas de plus. " Encore prudent, hein ? " Cette fois, Saýa a peur de me bousculer en s'approchant de trop près. Je le rassure en lui parlant, sans relâcher la pression sur la longe. Saýa hésite un long moment, avant de s'avancer avec prudence, un pas après l'autre. Il s'arrête à quelques centimètre de moi et je lui glisse une autre friandise. " Tu me commences à me respecter, Sasa... Il était temps ! "