Cheval à entraîner : Saýa

À peine le temps de mettre un pied à l'étrier que Saýa tente déjà de fouiller mes poches ! Ce filou parvient à en extirper une friandise du bout des dents, qu'il grignote fièrement, pendant que je règle mes étrivières. " Ça va, Say', je te dérange pas trop ? "

J'ai beaucoup travaillé sur du hunter avec Saýa, pour développer son aisance et la mienne à l’obstacle... Alors, aujourd'hui, j'ai prévu une séance beaucoup plus dynamique : un entraînement au barrage ! J'échauffe d'abord Saýa au trot, sur quelques cavalettis ; l'exercice que je vais lui proposer va beaucoup le forcer physiquement, c'est pourquoi une bonne détente est cruciale ! Une fois l'échauffement terminé, je monte un parcours de plusieurs obstacles variés et d'environ 65 cm de hauteur, pour commencer.

J'enchaîne une première fois le parcours au galop, avec un rythme soutenu, suffisant pour sauter cette hauteur peu élevée pour Saýa... Chaque fois que Saýa réussi un sans-faute, je monte les obstacles de 10 centimètres ! Arrivés à 95 cm, je commence à forcer, mais pas Saýa ; le grand cheval s'adapte à la difficulté, en variant son attitude et son allure. Je le félicite en le couvrant de câlins, avant de monter encore une fois les obstacles... Nous voilà à 1m05, et je n'ai pas l'habitude de sauter au-delà d'un 1m ! Saýa, si, habitué à sauter bien plus haut que cette hauteur, en liberté. Je fais de mon mieux pour ne pas le gêner, agrippée à sa longue crinière...

Après ce nouveau sans-faute, l'appréhension me saisit au ventre ; Saýa peut aller plus loin... Mais moi, est-ce que je peux le suivre ? Je prends mon courage à deux mains et monte une dernière fois le parcours, à 1m15. Je me mets en selle, les jambes tremblantes d'épuisement et d'hésitation : " Porte-moi, Saýa... " chuchotai-je, alors que mon cheval noir s'élance au galop. Saýa m'entraîne avec lui, non sans me gratifier d'un joli coup de cul après le premier obstacle. Je comprends le message et me redresse en râlant...

À la fin du parcours, je me laisse tomber sur l'encolure de Saýa, qui marche tranquillement rênes longues, en sueur, mais toujours de bonne humeur. Les oreilles dressées, l’étalon noir guette mes poches du coins de l’œil... J'en sors mollement une friandise, que je lui tends en restant avachie sur lui. " Tu l'as méritée, celle-là ! "