Sabot d’Ivoire

Ce matin, j'ai fait plusieurs aventures avec Sabot d'Ivoire, et nous revenons, un peu essoufflées. Toutefois, j'ai un regain d'énergie lorsque je consulte mes messages texte :

                       Gabriel :
                       Gabriel :

Je souris. Ça me touche qu'il ait appelé sa jument en pensant à moi. Et s'il ... ? Non, il ne faut pas trop espérer. Bon. Je lui réponds que ça me fait vraiment plaisir qu'il l'ait appelée comme ça, et il me répond qu'il est carrément jaloux du nom de ma jument, Sabot d'Ivoire.

                       Vous :
                       Gabriel :
                       Gabriel :

Je réponds trop rapidement un « oui!!!   » trop enthousiaste pour ne pas sembler louche. M'enfin c'est fait, alors il ne faut pas s'arracher les cheveux. Nous nous donnons une heure de rendez-vous et c'est avec excitation que je dis à Sab' la bonne nouvelle. Elle semble contente, ça va faire changement du rond de longe!

Nous nous préparons donc, sortons et remarquons en même temps le soleil, radieux, tout autant que le jeune homme qui m'accueille, tenant sa jument par une longe vert sombre.

« Mais elle est trop belle!!! », je m'exclame.

Je m'approche doucement d'elle et celle-ci, apeurée, recule. Je sors une carotte de ma poche – j'ai appris à toujours en garder au moins une sur moi – et lui tends, sans bouger d'un cil. Lentement, elle s'approche et finalement, mange la friandise. J'approche la main et lentement, la pose sur son museau.

Elle recule encore une fois.

« J'imagine que la seule façon de l'apprivoiser sera d'apprendre à la connaître? que je demande.

– Ouais. Même avec moi elle hésite encore. », répond mon ami.

Nous entrons alors dans le camion pour se rendre au Spring Garden. Gabriel me raconte tout. Comment il a économisé comme un malade pour l'acheter, sa rencontre avec Cendre, son « coup de foudre » de cavalier – à la base il recherchait déjà un barbe, car un de ses amis est le neveu d'un éleveur de cette race, et ce dernier a accepté de lui faire un rabais –, et comment ça c'est passé hier soir.

« Elle était très apeurée, même si elle me faisait déjà un peu confiance. J'ai fait comme toi, sauf que c'était avec une pomme. Elle l'a mangée, mais elle s'est tout de suite enfuie. Ça m'a pris beaucoup de temps et de patience pour installer une confiance et la mettre en longe. J'ai encore du travail à faire avec elle, mais j'ai quand même décidé de l'entraîner aujourd'hui justement pour raffermir notre relation. Bon c'est sûr que je vais pas la monter, mais ça va être bien quand même. »

Je lui annonce que nous sommes rendus, et il tourne vers le stationnement. Nous sortons avec le matériel, j'harnache ma jument alors que lui rassure la sienne, et nous marchons tous vers le terrain. J'embarque sur ma monture, alors que Gab' se prépare à courir avec Cendre d'Argent.

Je nous fais faire un petit galop, alors que je vois un muret de nains de jardins s'approcher de nous. Sab' et moi sautons au-dessus de celui-ci, puis nous attendons l'autre duo, qui ne tarde pas à le faire aussi. En fait, Gabriel a sauté en premier et a tendu une pomme à Cendre pour qu'elle bondisse. Elle l'a fait un peu maladroitement, mais Gab n'en est pas moins fier.

Ensuite, nous passons au-dessus d'un amas de roches. Le cross commence bien! Je fais donc sauter ma belle monture, alors que les deux autres ont la chance d'améliorer leurs compétences en ce domaine, ainsi que de rendre leurs liens plus étroits.

Le cross, c'est de longues distances de course accompagnées de sauts au-dessus d'obstacles naturels et de côtes à monter et à descendre. Sabot d'Ivoire n'est pas spécialement talentueuse dans ce domaine, mais je la vois lentement s'améliorer. Surtout que ses compétences en endurance ont l'heureux avantage de rendre le tout moins pénible à surmonter.

Cendre, quant à elle, a le talent, mais pas l'expérience. Nous sommes donc sur un fragile pied d'égalité.

Le plus merveilleux, c'est que parfois, elles s'entraident. Par exemple, Sab' a montré à Cendre comment traverser un gué – sans l'intervention de Gabriel –, alors que cette dernière encourageait ma monture car elle ne se faisait pas confiance lors de la descente assez à pic d'un piano.

Elles semblent s'aimer beaucoup plus que Sab' et Peinture. Je fais cette remarque à mon coéquipier, ce qui le fait rire.

« Peinture, c'est un cas spécial, affirme-t-il. À part pour lui, c'est à peu près impossible de ne pas adorer Sab'.

– Tu as parfaitement raison! Tous mes autres chevaux la trouvent vraiment agréable à côtoyer.

– Parlant d'eux, je me disais que peut-être pourrais-je les rencontrer? À date, j'ai juste fait des séances avec Sab'. Ce n'est pas que je ne l'aime pas, au contraire, mais...

– Je vois ce que tu veux dire, je le coupe. Moi aussi je crois que ce serait une bonne idée. Ma Marwari, Elfe Marbrée, adore autant le saut et le cross que ta Barbe. Peut-être qu'on pourrait les entraîner ensemble, parfois?

– Bonne idée! »

Je regarde les deux chevaux, qui ont les yeux rivés sur nous. Nous les avons oubliées. Nous rions, et continuons de traverser les chemins escarpés du parcours de cross, le sourire aux lèvres, la lumière du soleil irradiant nos cœurs.

Parfois, moi aussi j'aide un peu Cendre d'Argent, ce qui fait que notre relation semble un peu moins tendue, pour mon plus grand bonheur. Elle est tout simplement adorable!

Je propose à mon ami, après cette séance plus que fructueuse, d'aller aux cascades admirer la nature, et évidemment, il accepte. Alors, je monte ma jument, lui, longe la sienne, et marchons vers ce micro-paradis, histoire de reprendre notre souffle et de voir le crépuscule.

Finalement, Sab', la reine du galop, a semblé bien aimer cet entraînement en cross. En bonus, elle a une nouvelle amie.