Elfe Marbrée« Ce qu'elle est mignonne! fait ma sœur en voyant ma jolie Marwari.
– N'est-ce pas? », je souris, toute contente.
Je lui parle de mes premières séances de cross avec elle, et elle est impressionnée.
« Mon Lipizzan aussi adore sauter! Et si nous y allions ensemble aujourd'hui?
– Pourquoi pas! »
Et nous voilà en voiture, chacun avec notre camion, vers le Spring Garden.
Miracle, Silver, la jument gris pommelé de ma sœur, et Elfe, la mienne, ont à peu près le même rythme de galop, ce qui facilite l'entraînement. Nous nous encourageons, nous moquons quand l'autre rate son obstacle – pauvre statuette en forme de chat, qui a déboulé le long de la petite pente –, et nous donnons des trucs pour améliorer son cross, son galop, ...
Je remarque que ma belle semble un peu tendue lorsque je suis sur son dos. Alors, au milieu de la séance, je m'arrête, et la regarde. Elle semble apeurée. Tiens, elle n'était pas comme ça, hier. C'est sûrement parce que les obstacles sont plus complexes que les autres jours, probablement parce que je suis avec ma sœur. Je la rassure en caressant son encolure et en lui disant « Je suis là, ne t'inquiète pas, il ne t'arrivera rien. ». Finalement, après que j'aie bondi au-dessus d'un obstacle très bas – une rangée de cailloux –, elle se calme un peu, et vient vers moi pour que je la monte. Je suis au bord des larmes. Elle est si adorable!
Nous continuons notre « aventure », et nous nous retrouvons devant un obstacle inconnu. Un genre d'amas d'écorces d'arbre imbriqués de façon à ce que seules certaines techniques de saut permettent au cheval de le franchir. Pourtant, à le regarder, je n'en connais aucune qui puisse empêcher la destruction de cet amas artistique. À ma plus grande surprise, Elfe s'avance et tente le coup. Son sabot avant droit touche un peu à l'obstacle, mais le fait qu'un peu vaciller. Pourtant je ne lui ai jamais montré ce positionnement de sabots. Elle les avait un peu pliés, et rassemblés vers le centre, ce qui prenait moins d'espace, et les avait rehaussés pour aller à la hauteur de l'obstacle.
« T'es cavalier pro ou quoi? me demande ma sœur, surprise.
– C'est bizarre, elle a fait ça par elle-même... je bafouille.
– Silver aussi m'a déjà fait ça un jour. J'étais plus jeune, et ne savais pas trop comment traverser un gué, et elle l'a fait d'une façon complètement inédite, comme si une voix en elle l'avait dirigée vers le bon chemin.
– C'est bizarre.
– Ça ne t'es jamais arrivé d'avoir cette petite voix intérieure qui te dit de faire quelque chose d'une certaine manière, sans aucune justification? Les équidés en ont une aussi.
– Whaou... »
Je suis étonnée. Je caresse ma jument, et regarde l'autre tenter de sauter sur l'écorce mutante.
Ensuite, nous continuons de sauter et de galoper jusqu'à ce que le soleil commence à descendre assez bas dans le ciel pour que de l'orangé s'insuffle dans le bleu profond qu'était le ciel. Quelle beauté!
Nous nous arrêtons alors, et prenons le chemin du retour. Rendus à l'entrée, nous prenons le chemin de la chute d'eau pour observer le crépuscule en communion avec la nature.