Cheval à entraîner : Saýa

Je profite de la fraicheur de cette matinée estivale pour sortir encore une fois Saýa dans le manège ouvert. Les graviers blancs crissent sous nos pas et éblouissent de milles éclats la robe noire de Saýa. Une fois en selle, après une brève détente au pas, je lance mon bel Akhal Téké au trot. J'adore définitivement ses allures ; légère, hautes, aériennes. Mais Saýa se met à secouer la tête avec impatience. " T'es un vrai gamin, Saýa... " soupirai-je en souriant. Je détend très légèrement mes doigts, pour le laisser prendre le galop.

Je m'attend à un coup de cul, un saut de mouton, une ruade, n'importe quoi ; mais rien ne vient. Saýa galope, sans même manifester sa joie. Je m'imagine avec plaisir que c'est parce qu'il a peur de me faire tomber... Je le laisse galoper un long moment, en variant l'amplitude de ses foulées. Saýa répond de mieux en mieux à mes aides et se fatigue de moins en moins vite ; c'est à peine s'il s’essouffle ! Je lui accorde quand même une pause rênes longues ; Saýa étend sa fine encolure, jusqu'à presque toucher le sol du bout de son nez...

Puisque Saýa garde encore de l'énergie, je dispose sur les graviers trois barils colorés, en trèfle. Le jeune cheval dresse les oreilles ; il reconnaît aussitôt le barrel, que je lui avais fait découvrir lors de notre dernière séance ici. Saýa pique un galop pour s'élancer autour des barils, en se penchant dans les tournants. Je serre mes jambes, qui frôlent chaque fois les barils de très près... * BONG ! * Cette fois, je l'ai touché ! Mais Saýa le redresse d'un coup de nez, avant de filer vers le suivant. Le baril oscille un moment, puis se stabilise, sans tomber ! Je ne sais pas si Saýa  l'a fait exprès, mais j'éclate de rire. Contaminé par ma joie, Saýa lance une ruade et je perds mes étriers... Le grand cheval pile juste avant que je ne glisse de selle et je me rattrape de justesse à sa longue crinière. " Merci, Saýa... "