Cheval à entraîner : Saýa

Ce matin-là, j'emmène Saýa pour une balade dans le Spring Garden. Je le laisse marcher rênes longues, découvrir son environnement et les odeurs matinales, croquer un brin d'herbe à la volée... Son inquiétude se transforme-t-elle en curiosité ? Je m’apprête à le féliciter, quand le grand cheval noir pile brusquement face à un papillon, qui a l'audace de venir lui voleter sous le nez. Je crois que je me suis réjouie trop vite...

Après ces quelques minutes de détente dans le calme, je lance Saýa au trot, en passant à côté des obstacles les plus " effrayants " ; en tout cas, ceux qui, à mon avis, risquent de le surprendre. Saýa enchaîne écarts sur écarts, mais mon attitude détendue et mes paroles rassurantes l'encourage à se calmer. " Prêt ? " lançai-je, après une courte pause. Sa longue encolure dressée, le bel Akhal Téké attend mon signal, prêt à prendre le galop. Un appel de langue suffit à lui faire comprendre que je veux un galop rapide, adapté au Spring Garden. Saýa accélère, non sans me gratifier d'un saut de mouton gentillet, par principe.

Je l'échauffe sur de petits obstacles, en le couvrant de caresses pour chaque obstacle passé sans écarts, ni hésitations. Puis j’enchaîne un parcours assez long, en maintenant Saýa à un galop soutenu. Le grand cheval accepte même de sauter dans le gué, qu'il traverse à fond de train, surpris par les éclaboussures. Aussi trempés l'un que l'autre, nous nous dirigeons, toujours au galop, vers le dernier obstacle de cette séance : un minuscule tronc qui m'avait valu une chute la dernière fois...

Déterminée comme si j'allais sauter 1,20 mètres, les jambes serrées et le dos redressé, prête à affronter n'importe quel écart, je vois le tronc se rapprocher, se rapprocher, se rapprocher... Souplement, Saýa s'envole au-dessus de l'obstacle, comme si de rien n'était ! Débordante de joie, je lâche mes rênes pour le féliciter ; grave erreur, car à ce moment précis, Saýa aperçoit le méchant gué, juste à côté de lui, qui l'avait éclaboussé toute à l'heure. Avec un écart monumental, le grand cheval noir me propulse quelques mètres plus loin... Ok, j'ai compris, c'est toujours pas gagné !