Sabot d’IvoireRetour en arrière de deux jours, après l'entraînement...Je suis entrée dans le café, toute fébrile. L'atmosphère était calme et... presque romantique.
Je me suis installée à une table et j'ai attendu. J'ai toujours cette manie d'arriver trop d'avance à des rendez-vous. Cette fois-ci, j'étais sur place avant l'heure de rendez-vous, qui était 20h.
À cette heure, j'ai vu Gabriel entrer dans le café et mon cœur a commencé à battre. Ne rien laisser paraître, ne rien laisser paraître...
Il m'a vu et m'a fait un signe de main. J'ai souri, me suis levée et l'ai salué aussi. Il s'est assis et nous avons parlé. Je me sentais de moins en moins nerveuse, même si je trouvais ses yeux hypnotisants. Une chance que j'avais un cappuccino moka sous le nez, alors j'avais la chance de braquer ses yeux sur lui – le moka – pour ne pas avoir l'air étrange.
Au final, ça s'est assez bien passé. Il semblait étrangement aussi nerveux que moi. Et si.. ? Non, pas de fausses espérances. J'ai bu – du café – et ai parlé avec lui, rien de plus, même si je suis convaincue que tout mon être transpirait un intérêt coupable envers lui.
Le lendemain, j'en ai parlé avec mes chevaux alors qu'ils broutaient au pré, et ils ont tous compris comment je me sentais. Gâteau au Chocolat m'a même fait un bisou quand j'ai commencé à regarder le sol, un peu triste.
Et me voilà à encore lui envoyer des messages texte pour lui proposer une autre fois de m'entraîner avec lui. Il m'a dit qu'il peut venir, mais que Peinture se remet d'une grippe, et donc qu'il ne viendra pas.
Donc, je vais le chercher, ma fourgonnette ayant deux places non occupées par toutes sortes d'objets.
« Désolée pour le désordre, je m'excuse nerveusement.
– Ce n'est pas grave! Seuls les faux cavaliers ont un camion en ordre! » rit-il, visiblement pour me détendre.
Je lui parle donc de mon plan, qui est de ne pas la monter. Je me suis exercée hier avec elle pour apprendre à utiliser la longe avec elle, même si je vais recommencer aujourd'hui. Gabriel est d'accord, et me dit qu'il a hâte de voir ça.
Rendus, je prépare ma jument en l'entraînant à me suivre avec mes gestes. Elle marche lentement autour de moi alors qu'elle m'est liée avec la longe. Gabriel me regarde faire.
Je la sens de plus en plus en confiance, je le sens.
Après un certain temps, je vois qu'elle commence à comprendre le concept, donc je lui demande de trotter autour du rond de longe. Elle obéit, et j'en suis ravie.
Après l'avoir échauffée, je lui fais faire plusieurs intervalles de galop, entrecoupés de trot et de pas.
Soudain, nous entendons un bruit strident percer les l'air. Gabriel moi nous regardons, sachant exactement d'où venait ce bruit : un loup!
Nous voyons alors le canidé marcher entre deux arbres. Il est assez loin, mais il pourrait très bien s'approcher. Trop s'approcher.
Je tourne la tête vers Sab', mais avant même que j'esquisse le moindre geste, ni prononce le moindre mot, je le vois déjà s'approcher au trot de nous. Elle secoue la tête et me regarde.
« Tu as raison, rentrons dans la cabane. », je lui concède.
Elle sentait le besoin de rester à l'écart de ce vicieux prédateur. Elle fait preuve de prudence et, rendus à l'intérieur, je la récompense d'une carotte.
Lorsque je vois l'animal s'éloigner, je fais signe à tous de sortir. Nous sommes maintenant hors de danger. En fait, je sais très bien que les loups ont peur des humains, mais c'est bien d'apprendre à ma jument de se méfier des prédateurs, on ne sait jamais, et si toute la meute y était en train de rechercher des proies à déguster? Sabot d'Ivoire doit absolument être prudente face à cette menace.
Je fais un claquement de langue, ce qui signifie « au galop » pour mon cheval, qui s'exécute instantanément.
Je lui fais également effectuer certaines figures de dressage et, même si le fait de ne pas avoir de cavalier sur le dos doit la déconcerter, elle les faits avec une certaine grâce, et avec une incroyable souplesse.
Tous les bruits ambiants semblent s'arrêter devant notre travail. Nous les oublions, car ce qui compte, c'est l'équitation.
À la fin de la séance, je récompense Sab' d'une grosse carotte ainsi que d'une caresse. Je parle un peu avec Gabriel alors que nous nous rendons tous vers la voiture.